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Écologie et Société

Sommet de Copenhague : échec ou prise de conscience ?

"I’m Sorry. We Could Have Stopped Catastrophic Climate Change. We Didn’t." Les conclusions du sommet de Copenhague ont clairement déçu les chefs de gouvernements, les organisations non gouvernementales et les écologistes : Copenhague a accouché d’un accord faible, non contraignant. Qu’est-ce qui a sabordé le débat? Peut-on malgré tout espérer un consensus dans un avenir proche?

Copenhague a abouti à un traité bancal pour plusieurs raisons

À part l’Union Européenne, les grands pays n’étaient pas encore prêts à se donner des objectifs contraignants :
La Chine, comme l’Inde, a rappelé son droit au développement. Refusant un contrôle international sur ses mesures prises quant aux émissions de gaz à effet de serre, elle a néanmoins accepté que les pays en développement établissent un rapport de leurs actions tous les deux ans.
Les États-Unis n’étaient pas prêts à faire de gros compromis. En effet, Barack Obama ne pouvait s’engager plus loin que le Sénat Américain, qui discute en ce moment un projet de loi climat rencontrant des oppositions fortes.
L’Union Européenne aurait dû jouer son rôle de leader environnemental dans les négociations : elle s’était engagée à porter son effort de 20% à 30% en cas d’accord satisfaisant. Malheureusement, les chefs d’États européens n’ont pas parlé d’une seule voix.
La Russie est faussement vertueuse : elle annonce réduire ses émissions de 25% en 2020 par rapport à 1990, mais celles-ci ont déjà diminué de 33% à cause de l’effondrement de l’Union parsoviétique. Elle compte en fait émettre plus de CO2 quand sa croissance reviendra.

Dès lors, les gros pollueurs n’ont pas réussi à s’entendre et à proposer un compromis. On a finalement abouti à une fracture entre :
• les pays émergents, qui réclamaient aux pays riches des engagements importants, mais refusaient d’être soumis à des objectifs contraignants
• les pays occidentaux qui, contre une aide financière, demandaient aux pays émergents de contribuer à la lutte contre le réchauffement en toute transparence

Affiches de Greenpeace dans l'aéroport de Copenhague
Une affiche de Greenpeace dans l’aéroport de Copenhague

Le processus onusien, qui demande aux 192 États de parvenir à un consensus, n’a pas facilité les choses. Cependant, il paraît normal de réunir tout le monde pour sauver la planète. De plus, ce sont de petits pays comme les îles Tuvalu qui seront les premiers touchés par les bouleversement climatiques; ils ont donc droit à la parole. Au final, il n’y a pas eu d’engagement multilatéral ferme sur les émissions de gaz à effet de serre, ni de création d’une organisation mondiale de l’environnement, ni de garantie de signature à terme d’un nouveau traité contraignant.

Mais tout n’est pas perdu pour autant

Le traité de Copenhague prévoit tout de même plusieurs mesures, telles que :
limiter le réchauffement climatique mondial à 2°C d’ici à 2050 ; cela ne va pas sauver les îles Tuvalu, mais c’est déjà ça
donner 30 milliards de dollars aux pays pauvres sur la période 2010-2012 pour les aider à s’adapter au changement climatique, puis mobiliser 100 milliards de dollars par an en 2020
développer le programme REDD de lutte contre la déforestation (Reducing Emissions from Deforestation and Degradation), expliqué sur le site de Greenpeace

En outre, on peut espérer la poursuite des négociations avec une conférence de suivi dans six mois à Bonn, puis un traité contraignant à Mexico dans un an.

Enfin, bien que les gouvernements n’aient pas trouvé un compromis international à Copenhague, tous les pays ont engagé des politiques nationales de lutte contre le réchauffement climatique. Même la Chine a élaboré des plans d’économie d’énergie et de réduction de polluants.

Et vous, comment avez-vous vécu le sommet de Copenhague ?

6 réponses sur « Sommet de Copenhague : échec ou prise de conscience ? »

La volonté de trouver de manière urgente un compromis à la fin du sommet de Copenhague a montré la prise de conscience de l’ensemble des pays de la planète, je pense. Cependant, le flou des mesures prises (avant cet article, je ne les comprenais pas clairement !) peut détourner l’attention des médias et de la population car elles sont peu concrètes (qu’est ce que cela signifie de limiter le réchauffement climatique mondial à 2°C? Comment met-on en pratique une telle prouesse technique ?!?) et ne font pas échos à notre vie quotidienne…. Un sommet qui se termine vraiment en demi-teinte hélas.

En admettant que l’Union européenne était prête à fixer de réels objectifs de réduction avec des contraintes fortes, il reste qu’elle ne le fera – formellement – pas dans l’immédiat. Je reste amer de voir qu’en matière d’environnement et de climat on en reste aux mêmes logiques qu’en matière, par exemple, de commerce (je pense aux sommets de l’OMC) : tout le monde s’engage ou personne ne fait rien. Si cette logique peut s’entendre en matière d’échanges internationaux, elle me paraît inacceptable et, surtout, irresponsable en matière d’avenir de la planète. La France peut et DOIT s’engager, même seule, même davantage que tous les autres pays simplement parce que c’est indispensable. On nous rebat les oreilles avec l’exemplarité du « Grenelle de l’environnement » mais, in fine, on ne voit rien de concret et de significatif prendre forme.

@Coltrane @AL
Effectivement, on peut estimer que l’Union Européenne ne se mouillait pas trop en annonçant qu’elle réduirait ses émissions de 30% en cas de traité contraignant, ce qui n’a pas eu lieu. Et que si tout le monde attend quelqu’un pour faire le premier pas, personne n’agira.

Cela dit, même si nos politiques parlent beaucoup et agissent peu, l’Union Européenne demeure la plus vertueuse dans ses efforts environnementaux. Le paquet climat-énergie européen (20% de baisse de gaz à effet de serre, 20% d’économies d’énergie et 20% d’énergies renouvelables), s’il devrait aller plus loin, reste une avancée. À présent, au-delà de la déclaration d’intention, ce plan doit être suivi d’engagements concrets. Et c’est à nous, citoyens européens, de montrer à nos dirigeants que le sujet nous préoccupe et que nous sommes prêts à changer notre comportement de pollueur pour une conversion verte.

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